L'aventure se joue la nuit (Les aventures de Bill Disley) Anthologie by Flanigham J. A. & Flanigham J.A

Auteur:Flanigham, J. A. & Flanigham, J.A. [Flanigham, J. A. & Flanigham, J.A.]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

XI

Madeline ouvrit la porte.

— Je reste juste une minute, ma chérie, dit Bill.

Il referma la porte, renifla avec obstination. Une faible odeur de cigare flottait dans la pièce.

La jeune femme se débarrassa de son manteau qu'elle jeta sur un fauteuil, désigna un siège à Bill, et dit, le regard brillant :

— J'ai reçu cet après-midi la visite de l'homme avec lequel vous m'avez vue hier au soir au bar du théâtre.

— Il y a longtemps ? fit Bill qui reniflait toujours, les nerfs aux aguets.

Elle le regarda, interloquée.

— Il était quinze heures trente environ, dit-elle, pourquoi ?

Bill sortit son étui à cigarettes, le tendit à Madeline.

— Vous fumez ?

— Jamais ! répondit-elle.

Elle eut un mouvement d'épaules, et d'un ton chagriné :

— Bill, mon chéri, j'avais l'impression que ce que j'allais vous dire vous intéresserait tellement.

— Continuez, je vous en prie, et excusez-moi.

— J'ai voulu lui donner l'impression que je cédais, et je crois avoir joué parfaitement mon rôle. Je dois, demain, rencontrer un homme extrêmement important, et d'après ce que je crois avoir compris, Bill, il s'agirait d'un des chefs de...

Elle tressaillit et son regard horrifié se porta vers la droite de la pièce. La lourde tenture de velours vert qui masquait une large baie venait de s'écarter et, souriant d'un sourire immobile et terrible, un homme, revolver au poing, venait d'apparaître.

Il fit deux pas dans la pièce et sa voix étrangement retenue, comme si, se dit Bill, il tentait de la déformer, retentit dans le silence dur et pénible qui avait envahi le studio.

— Alors, Madeline, dit-il, malgré tout ton talent, tu crois que nous avons marché une minute dans tes combines ?

Il émit un sourd ricanement, regarda Bill qui scrutait avidement le visage qu'il n'avait jamais rencontré, mais qui évoquait cependant en lui comme d'obscurs souvenirs.

— Pas un mot, Bill Disley, dit-il. C'est vous qui m'intéressez.

Il se mit aux côtés de la jeune femme, tenant toujours Bill en respect sous la menace de son arme, et du revers de la main gauche, à toute volée, administra une claque terrible à Madeline dont la tête oscilla de droite et de gauche. Les yeux de la jeune femme s'emplirent de larmes de rage et d'humiliation.

Avec le même sourire impersonnel et cruel, l'homme poursuivit :

— Vous aviez un joli métier dans les mains, Bill Disley, et assez de talent pour pouvoir l'exercer longtemps. Mais il est terriblement dangereux pour les jeunes journalistes aventureux de tenter des intrusions dans le domaine atomique.

Bill fit un mouvement, l'arme se pointa plus menaçante vers sa poitrine.

— Au moindre geste, je vous abats comme un chien, fit l'autre d'une voix sèche.

Le journaliste savait que l'homme ne plaisantait pas et il se contenta de lui adresser un sourire ironique. Il essayait de réfléchir à toute vitesse, de tirer des plans, mais l'intrusion inattendue de l'homme avait comme paralysé ses facultés mentales. Il ne pouvait que scruter avec avidité ce visage aux joues trop larges qui étonnaient dans l'allure générale, ce nez légèrement épaté et ces yeux étrangement bleus.

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